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Exposition Bretagne et cinéma
Histoire du cinéma breton

L’UPCB

René Vautier partage pendant des années la lutte des révolutionnaires algériens dans le maquis et réalise plusieurs films dont Algérie en flamme 1957-58. De retour dans son Douar natal en 1970, René Vautier tourne Les Ajoncs, l’histoire d’un travailleur algérien confronté au racisme et sauvé du désespoir par des ouvriers bretons et crée l’Unité de Production Cinéma Bretagne, coopérative de production (type SARL) avec Nicole et Félix Le Garrec, grâce à la vente d’un scénario (15 200 €) à un cinéaste argentin.
Un an plus tard, la production et la réalisation de Avoir vingt ans dans les Aurès, qui reçoit le Prix de la Critique au Festival de Cannes, marque le départ d’un nouveau souffle pour le cinéma en Bretagne.
L’UPCB produira une dizaine de longs métrages professionnels entre 1970 et 1980 (La folle de Toujane, Quand les femmes ont pris la colère, Mourir pour des images, Marée noire, colère rouge), tous sélectionnés dans des festivals nationaux ou internationaux. Les nombreuses récompenses que reçurent les films de l’UPCB prouvent combien ces films correspondaient à la fois à l’attente d’un public et à l’émergence d’un regard novateur dans le cinéma.

La mise en place de cette structure fut véritablement originale dans le paysage audiovisuel hexagonal. Cette volonté d’un cinéma breton ne se traduisait pas en termes de lutte politique pour l’indépendance de la Bretagne mais en termes d’autonomie d’un cinéma breton avec ses propres moyens techniques (caméras, table de montage, matériel de tournage) et humains (techniciens). Une attention particulière était donnée aux acteurs et actrices des mouvements sociaux concernés par le film, à leur parole, à leurs revendications. Elles furent associées à la réalisation : “mettre l’image et le son au service des collectivités à qui en général la parole est refusée, et refléter la vie sociale, culturelle et politique en Bretagne“ Alain Aubert (Cinéma des régions, La Bretagne – CinémAction n°12).

L’UPCB aura joué un rôle pionnier dans l’histoire du cinéma breton. “Elle aura permis aux Indiens du Brésil (Des goûts et des couleurs, Sobre gustos y colores 1969), aux paysans portugais, à l’ANC d’Afrique du Sud (Frontline) de s’exprimer.” Les Bretons y auront également trouvé un moyen de dire leur révolte sans demander la permission de Paris.

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