La pêche n'est pas qu'une affaire de marins pêcheurs. Elle concerne chaque citoyen, chaque consommateur. Nul besoin d'être expert pour constater que sur les étals des marchés, il y a beaucoup de petits poissons, inutilement pêchés. Lottes , grandes comme le pouce, Saint-Pierre, qui tiennent dans le creux de la main, langoustines de la taille d'une crevette...
En suivant des contrôleurs français et européens, nous constatons que la réglementation n'est pas appliquée. Oui il y a "Alerte sur la ressource". Pourtant la seule espèce vraiment menacée est celle... des pêcheurs.
Dans ce film, six d'entre eux s'expriment avec une vérité et une franchise peu commune. Le plus vieux, un pêcheur du Croisic aujourd'hui décédé, notait en 1975, dans un cahier confié au réalisateur "Ça ne pourra pas durer longtemps. C'est la course à la destruction !".
A La Rochelle, un chercheur de L'Ifremer, Claude de Verdelhan, nous permet de retrouver un film tourné il y a 20 ans, dans lequel il dialoguait déjà avec deux marins pêcheurs. "Individuellement, vous êtes obligés de toujours pêcher plus, pour rentabiliser vos navires, disait-il. Pourtant, il faudrait qu'il soit moins pêché, pour que les stocks puissent supporter la pêche. La seule solution pourra venir d'une organisation collective....".
20 ans plus tard, ces deux pêcheurs nous disent que la crise ne les a pas épargnés. Ils ont dû vendre leurs bateaux. Et sur le visage de l'un deux nous comprenons que la "catastrophe annoncée" s'est payé au prix fort.
Ce film, sans complaisance, ne se termine pas sans ouvrir des pistes pour l'avenir. Elles sont déjà en germe dans les pratiques de Guillaume, Christophe ou Robert, pêcheurs à Audierne, Saint-Jean-de-Luz ou Saint-Guénolé