Un film des chanoines Ligué et Soyer : "Foi et Traditions.
Les clochers bretons font escorte au voyageur qui se rend au Folgoët. Dressés vers le ciel comme un acte de foi, ils lui rappellent qu'il entre dans le pays où la religion est une tradition de base, solidement implantée dans un sol de granit. Depuis des siècles au long des jours, face aux embruns des grèves comme au vent des landes, la Bretagne prie par ses clochers et ses calvaires, par ses croix aussi, plantées au détour du plus modeste sentier... Commencée à la fin du 14ème siècle, détruite au 18ème siècle et reconstruite par la foi des fidèles, la collégiale du Folgoët est un bâtiment d'une sévère grandeur, sanctuaire de l'une des vierges les plus vénérées de Bretagne. Chaque année, le 8 septembre, en la fête de la nativité, les pèlerins s'y rassemblent venus de tout le Léon et de la grande Cornouaille. Le pardon commence dans la soirée du 7, au chant des vêpres et les heures passent en prières pendant que les prêtres entendent les confessions. Le 8 septembre les messes commencent à minuit et vont se poursuivre jusqu'à midi. L'église est constamment pleine de fidèles. C'est une allée et venue perpétuelle où se retrouve le pittoresque des anciens costumes transmis de grand-mère à petite fille, lourdes jupes et tabliers brodés, grands châles blancs somptueusement drapés, fines coiffes et hautes cornettes. Rien ici d'une fête folklorique. Aucune impression de déguisement. Chacune a revêtu ces atours pour faire honneur à la vierge et rien de plus. Midi marque la pause dans cette ferveur religieuse. Les auberges sont pleines et ceux qui n'ont pu y trouver place prennent sur l'herbe leur repas en commun. Cette simplicité biblique fait partie de l'atmosphère du pardon. Après avoir nourri son âme, il semble tout naturel de nourrir solidement son corps et cet étalage de mangeaille ne trouble pas plus la robuste prêtre du pèlerin breton que la présence sur la place des tentes des marchands forains, entre lesquelles passera tout à l'heure la procession solennelle. La procession s'organise et déploie ses bannières rutilantes. Il y a là toutes celles des paroisses des alentours. Certaines sont très anciennes et toutes sont une éclatante démonstration de l'art des brodeurs bretons. On récite des chapelets et l'on chante des cantiques. La ferveur des assistants révèlent l'âme d'un peuple dans ses sentiments les plus intimes. Et ce sera la fin d'un beau jour. Le Folgoët, haut lieu de Bretagne va redevenir désert. La fontaine de Salaün ar Fol ne reflétera plus que le seul sourire mystique et tendre de la vierge qui la domine. "AVE MARIA". Cette invocation, le touriste peut l'emporter avec lui en quittant Le Folgoët. Elle n'est pas longue et ce n'est qu'un salut de courtoisie à la Dame d'un beau domaine qu'il est aimable de parcourir. Peut être même l'incroyant gardera t-il en son coeur le souvenir ému d'une atmosphère de piété collective et intense, manifestation émouvante de l'âme bretonne et de ses traditions séculaires.