La journée commence par une consultation des documents d'urbanisme et une préparation des premiers visionnements par des Molénais. Une connexion réseau est établie avec le siège de la Cinémathèque de Bretagne pour enrichir en temps réel la base de données DIAZ. Jean-Yves Le Gall est le tout premier visiteur de cette semaine d'études. Il est, depuis 17 ans, le gardien animateur de la réserve naturelle de la mer d'Iroise et reste incontournable sur la géomorphologie de l'archipel de Molène : les îlots de Trielen, Bannec et Balanec n'ont aucun secret pour lui. Il est rejoint par Jean Maout, ancien procureur de la République et historien local, et Marcel Masson, ancien maire de l'île et président de Spered Ar Mor, association du patrimoine local. Ils éclaircissent de leur côté les documentalistes sur l'histoire générale de Molène, le patrimoine bâti, les transports, les commerces. Ce premier "test" permet d'apprécier la qualité et la richesse des films que nous présenterons tout au long de la résidence.
Au début, le sémaphore était un simple mât où l’on hissait un drapeau pour alerter d’un naufrage et appeler les marins de l’île à venir en aide. En 1908, on a construit la tour actuelle : un guetteur pouvait y séjourner, et surveiller, à temps plein. Dans les années 50, une galerie avait été construite tout autour du sémaphore pour faciliter le travail des guetteurs. Cette galerie a peu à peu été dégradée et non remplacée. A la place, un poste de vigie a été construit tout en haut du bâtiment.
Depuis 1983 le sémaphore n’est plus en activité, mais reste un élément incontournable du patrimoine qui témoigne du passé de l’île.
Une séquence de la kermesse paroissiale où les Molénais ont reconnus beaucoup de monde. Extrait du film "Promenade à Molène" de Corentin Beauvais (1950 environ)
La kermesse paroissiale du 15 août se déroulait devant l’école Sainte-Philomène.
Le bâtiment, qui appartient à la congrégation Saint Thomas de Villeneuve, est un don de la famille Goachet à la commune et a été construit entièrement par les Molénais en 1892. Il a longtemps abrité l’école des filles, mais aussi la pharmacie. Aujourd’hui, c’est l’école publique de l’île.
On remarque une femme qui porte la coiffe molénaise blanche, avec ses « ailes de mouette », une femme qui porte une capeline noire, coiffe composée de plusieurs éléments que l’on retrouvait sur toute cette partie littorale de la Bretagne. On voit aussi deux femmes Ouessantines, reconnaissables à leur coiffe noire à nœuds.
Extrait du film "Promenade à Molène" de Corentin Beauvais
Chaque famille possédait du terrain, en tout petits lopins entourés d’un muret et délimités par des bornes appelées « arces ». De la même façon, beaucoup de familles élevaient des moutons ou des cochons, dans une moindre mesure des vaches. A la différence d’Ouessant, les moutons n’étaient non pas élevés pour leur laine, mais principalement pour la viande, et étaient attachés par couple (l’agneau et la mère). Les cochons étaient élevés dans des crèches mitoyennes aux habitations. On tuait le cochon entre septembre et novembre lors de la « Fest An Nourc’h » : on y invitait ses voisins et ses amis à partager la charcuterie et une partie des salaisons prévues pour l’année.
La centrale électrique tenue par Mme Rocher. Extrait du film "Les goémoniers de Molène" de Roger Dufour (1956 environ)
Le sable qui servait à la construction était déversé dans les rues en hiver. Cela permettait d’en enlever le sel grâce à l’eau de pluie, avant de l’utiliser en été. Il était déversé en petits tas, mais sous l’action du vent il se répandait partout dans les rues.Photogramme extrait du film "Les goémoniers de Molène" de Roger Dufour (1956 environ)
La Cinémathèque conserve en dépôt une trentaine de films sur l'île Molène et son archipel. Nous avons décidé d'aller directement sur l'île pour tester un type de résidence de documentation.
Le but était d'enrichir au mieux les films et de comprendre la valeur des images grâce aux témoignages des Molénais. Nous projetions les films à des petits groupes de trois ou quatre personnes qui nous apportaient leur connaissances sur les activités présentées à l'écran, et qui nommaient les personnes reconnues. Nous voulions également aller au-delà, cerner les particularités du territoire et comprendre les réalités passées et présentes de l'île, avec comme point de départ ces images amateurs.
Ces pages sont celles du carnet de bord de l'équipe qui a mené cette expérience. Elles présentent, au fil des journées, l'organisation du travail, les rencontres, les témoignages, des extraits de films projetés en rapport avec les thématiques abordées.
Il faut préciser que les témoignages reproduits ici sont une synthèse des longues entrevues qui ont été de cours pendant la résidence. Même si certains propos sont entièrement attribués à une personne unique, dans un souci de rigueur scientifique, nous avons projeté les films à plusieurs personnes différentes pour croiser les témoignages. Les propos reproduits ici sont la synthèse de ces croisements.
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